Pétrole et Gaz de schiste: L’entêtement algérien

PÉTROLE ET GAZ DE SCHISTE

L’entêtement algérien

Le Soir d’Algérie, 8 octobre 2014

En dépit des avertissements de nombre d’experts sur les risques écologiques encourus, le gouvernement algérien garde le cap sur l’exploitation du gaz et pétrole de schiste. L’exploration, en partenariat avec des compagnies étrangères, bat son plein, au moment où d’autres pays, à l’instar de la France, rappellent, comme de besoin, que l’option est définitivement écartée.
Sofiane Aït-Iflis – Alger (Le Soir) Le gouvernement algérien fait donc fi des alertes émises par les experts et s’engage résolument dans l’aventure du «schiste». L’exploration, études et forages, est effectuée déjà dans les bassins de Berkine (Illizi) et Boughezoul (Djelfa). Les choses se sont même accélérées depuis que l’option a fait l’objet de résolution en Conseil des ministres. Le dernier appel d’offres a permis de dégager le consortium étranger devant mener les explorations dans les bassins suscités. Ni le prix élevé, voire excessif de l’exploitation de cette énergie emprisonnée dans la roche, ni la tendance mondiale à l’exploitation des énergies renouvelables ne l’en dissuadent. Mieux, le gouvernement met beaucoup d’entrain à concrétiser le projet. Une conférence sur les gaz et pétrole de schiste sera organisée à Oran les 12 et 13 octobre prochains.
Cette manifestation se tiendra en même temps que se déroulera à Rome, dans la capitale italienne, la Conférence internationale sur les énergies renouvelables. Une conférence, qui sera organisée à l’initiative de Desertec, devra mettre en relief tout l’intérêt que les Etats ont à investir dans les énergies renouvelables comme substitut à l’énergie fossile. Même les Américains, pourtant pionniers dans l’exploitation du pétrole et gaz de schiste, commenceraient à revenir de leur frénésie à extraire cette énergie coûteuse et, de l’avis de nombreux spécialistes de l’environnement, très polluante. Les Français, nos voisins de la rive nord de la Méditerranée, jurent en tout cas tous leurs saints qu’ils n’iront pas fragmenter la roche pour libérer les énergies fossiles qui s’y trouvent emprisonnées. Hier encore, Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie, rappelait que la France n’exploitera pas le gaz et pétrole de schiste. Et contrairement à l’idée répandue de ce que les Français voudraient, en la matière, faire de l’Algérie un terrain d’expérimentation, les sociétés françaises ne sont pas impliquées dans le processus d’exploration déjà engagé dans les bassins de Berkine et de Boughezoul, au nord. Ce sont principalement les Italiens et les Américains qui s’en trouvent impliqués. Mais qu’est-ce qui pourrait expliquer cette ruée algérienne inexorable vers le gaz et pétrole de schiste ? Certains experts des questions énergétiques pensent savoir que cela est dû au fait que les puits traditionnels, surexploités, commencent à tarir et que, conséquemment, il faudra compenser le manque à extraire par l’exploitation du gaz et pétrole de schiste. Ceci, expliquent-ils, pour à la fois honorer des contrats à long terme passés avec des clients étrangers mais aussi satisfaire une demande interne en énergie qui ira grandissante.
S. A. I.