Des facteurs favorables au retour de l’Algérie sur les marchés financiers

Profil actuel de la dette extérieure et viabilité à moyen terme de la balance des paiements

Des facteurs favorables au retour de l’Algérie sur les marchés financiers

Meziane Rabhi, Liberté, 27 août 2006

Le Forum euroméditerranéen des instituts de recherche en économie (Femise) estime que ce retour doit être recherché comme un moyen de restaurer l’image et la crédibilité de l’économie algérienne et d’améliorer l’attractivité des IDE.

“Bien que l’Algérie n’ait pas aujourd’hui de besoins financiers extérieurs, son retour sur les marchés financiers internationaux doit être recherché comme un moyen de restaurer l’image et la crédibilité de l’économie algérienne et d’améliorer l’attractivité des IDE”. C’est ce que conseille le Femise dans un document intitulé “Profil Algérie”, publié au début de l’année 2006. Cela passe, soulignent les rédacteurs du document, “par la nécessité préalable d’un rating pays à obtenir auprès des grandes agences internationales de notation”.
Le femise affirme que “cette démarche, envisagée de longue date par les autorités, ne devrait plus tarder à être lancée. Le remboursement par anticipation d’une partie de la dette extérieure peut au demeurant concourir à cet effort pour obtenir un rating satisfaisant”.
En effet, en signant aujourd’hui avec l’Allemagne un accord sur le remboursement d’une partie de la dette par anticipation, l’Algérie aura soldé la quasi-totalité de sa dette rééchelonnée avec les créanciers du Club de Paris. L’Allemagne sera ainsi le 17e pays avec qui l’Algérie aura signé un accord de remboursement par anticipation.
Le Femise explique qu’une fois l’étape franchie, (obtention d’un rating satisfaisant), elle devra être suivie aussitôt par le lancement d’une émission obligataire d’un niveau appréciable (au moins 500 millions de dollars) sur le marché international des capitaux ; “cela devrait permettre une évaluation par le marché — éclairé par le rating — du risque pays, et donner ainsi une plus grande visibilité pour l’investisseur”. Le document du Femise relève que “la stabilisation macro-économique, engagée depuis 1994, a donné de bons résultats, que le contexte sociopolitique et sécuritaire s’est nettement amélioré, et que, bien qu’encore insuffisant, le contexte institutionnel, qui se met en place, offre plus de visibilité, ce qui devrait influencer positivement l’appréhension globale du risque Algérie”.
La note attribuée au risque algérien par les agences d’assurance crédit des pays de l’OCDE a traduit cette évolution puisqu’elle est passée en quelques années de 6 à 3 depuis le 29 juin dernier.
La Coface, en juillet dernier, note une légère dégradation des risques pays dans le monde au cours du 2e trimestre 2006, mais la note de l’Algérie reste inchangée (A4). La Coface souligne que l’augmentation des capacités de production pétrolière et gazière et les prix élevés des hydrocarbures génèrent de solides excédents extérieurs et budgétaires. En 2006 et 2007, la croissance devrait rester bien orientée compte tenu des perspectives très favorables du marché pétrolier. L’accélération des investissements publics dans le cadre d’un Plan de consolidation de la croissance sur cinq ans (2005-09) devrait soutenir l’activité du secteur non pétrolier. À plus long terme, une politique systématique d’épargne, avec la mise en réserve du surplus des recettes pétrolières de l’État, doit permettre une croissance stable et la poursuite d’investissements publics en cas de baisse des cours pétroliers.
Cependant, relève l’organisme d’assurance français, “l’économie demeure dépendante du secteur énergétique et peine à se diversifier. Il subsiste des freins à l’émergence d’un secteur privé (secteur bancaire archaïque, niveau de formation insuffisant et carences de l’administration)”. Comme point positif, la Coface cite justement “le remboursement par anticipation de la majeure partie de la dette rééchelonnée au Club de Paris en 2006”.
L’accélération annoncée des réformes et l’amélioration recherchée du climat pour les investissements devraient contribuer à renforcer cette tendance.

Meziane Rabhi