«Toutes les entreprises sont à vendre»

A PART CELLES DITES «STRATEGIQUES»

«Toutes les entreprises sont à vendre»

Le Quotidien d’Oran, 30 décembre 2003

La croissance qu’enregistre le secteur industriel public ces deux dernières années ne veut pas dire que les entreprises publiques sont en bonne santé.

En effet, contrairement à ce que l’on peut croire, plusieurs unités de production relevant de plusieurs branches d’activités continuent à baisser rideau, alors que d’autres projets finalisés n’ont jamais démarré.

Dans un rapport du ministère de l’Industrie sur le «bilan d’activité des neuf premiers mois de l’année 2003″, remis à la presse hier, à l’occasion du forum d’El Moudjahid qui recevait El-Hachemi Djaâboub, le ministre de tutelle, il ressort que le secteur industriel public continue à enregistrer une importante hémorragie. Et le processus de fermeture d’unités de production se poursuit loin des feux de la rampe.

Dans la branche mécanique métallique, indique le rapport en question, deux entreprises ont été dissoutes. Il s’agit de Prometal et de l’Entreprise nationale de quincaillerie et de serrurerie (ENAQS). Une dissolution qui a entraîné la fermeture de 5 unités. Poval, pour sa part, a baissé rideau pour son unité de pompes de Laghouat et celle de Djelfa.

Dans le textile, l’on annonce quatre projets finalisés mais qui n’ont jamais démarré, en plus d’un autre qui n’est pas finalisé. En outre, il a été procédé à la fermeture d’un complexe lainier et de 13 unités de confection. Dans la branche cuir, qui subit avec celle du textile la concurrence des produits importés, l’on a recensé deux projets non finalisés, en plus de la fermeture de quatre unités de production de chaussures, maroquinerie et synderme et celle de six Districh (espace de vente).

Le secteur de l’agroalimentaire est, par ailleurs, une branche qui a connu d’importantes pertes d’activités. En tout, 23 unités ont baissé rideau. 21 d’entre elles relèvent des Eriad. Il est à citer, à ce propos, la fermeture de trois biscuiteries de l’Eriad Alger, 9 unités relevant de l’Eriad Sidi Bel-Abbès, dont 4 minoteries. L’Eriad Tiaret, pour sa part, a perdu 9 unités de pâtes, semouleries et minoteries.

Le même sort a été réservé à des unités de fabrication relevant du secteur électrique et électronique. L’ENIE, à titre d’exemple, «dispose de 5 unités fermées pour cause de non-rentabilité et d’obsolescence», explique-t-on. Sonaric, spécialisé dans l’électroménager, a perdu deux unités pour des causes de sécurité et de non-rentabilité. Enfin, la branche matériaux de construction a perdu quelques 17 unités, alors que 10 projets sont à l’arrêt.

En tous les cas, le résultat enregistré durant les 9 premiers mois de l’année en cours confirme le profond marasme que vit le secteur industriel public. En effet, selon les chiffres communiqués par le ministre de l’Industrie, sa production a connu une baisse de 1,93% durant cette période. Pour le bilan annuel et selon les prévisions du ministère, il est attendu une stagnation par rapport à 2002.

Ce qui est jugé par la tutelle comme donnant de bons résultats, malgré une perte de 1.817 postes d’emploi, concerne les fruits du Plan de soutien à la relance économique (PSRE) «qui a stimulé la demande au niveau de plusieurs filières, en particulier celles qui exercent dans le domaine des biens d’équipement». Les entreprises de construction ont également enregistré une croissance, effet du programme de reconstruction des zones sinistrées.

Abordant ensuite le volet privatisation, le ministre de l’Industrie a annoncé que «toutes les entreprises publiques sont à vendre», mises à part celles dites «stratégiques». Selon lui, les intéressés n’ont qu’à prendre contact avec les SGP.

Le ralentissement de la production touche, par ailleurs, le secteur privé dont la croissance est estimée à 2,2%. M. Djaâboub explique cet état de fait par «la baisse des investissements, l’atteinte des usines de leurs régimes de croisière, le développement du marché informel et l’importation massive de produits finis souvent hors normes». Ainsi, la tutelle reconnaît que les entreprises privées évoluent dans un environnement décourageant. Toutefois, entre secteur public et celui privé, la tutelle s’attend à clôturer l’année avec une légère croissance, de l’ordre de 1 à 1,5%. L’on annonce même une plus grande performance en 2004, après la décision du gouvernement d’autoriser les EPE à investir.

Ghania Amriout