L’organe de lutte contre la corruption enfin opérationnel

Quatre ans après sa création

L’organe de lutte contre la corruption enfin opérationnel

Par : NEÏLA B., Liberté, 5 janvier 2011

L’organe de prévention et de lutte contre la corruption est composé de hauts cadres des ministères des Finances et des Affaires étrangères, d’un procureur à la Cour suprême, de deux anciens officiers supérieurs de la gendarmerie et de l’ex-ambassadeur d’Algérie au Mali.

Les sept membres de cet organe ont prêté serment, hier, à la cour d’Alger, lors d’une cérémonie présidée par le président de la cour d’Alger en présence de magistrats.
Le président de l’organe de prévention et de lutte contre la corruption, Brahim Bouzeboujen, a indiqué dans une déclaration à la presse que “la mise en place de cet organe vient renforcer la lutte contre ce fléau qui a été permanente et qui a toujours existé”, avant d’ajouter que “les missions seront menées sans laxisme, avec la mobilisation de tous les agents de l’État”, et que tous les dossiers seront consultés et examinés afin d’élaborer un rapport annuel qui sera transmis au président de la République. L’organe est officiellement entré en fonction depuis, hier, précise encore son président. Le gouvernement avait annoncé la création d’un organisme spécialisé dans la lutte contre la corruption, qui sera chargé de la constatation et de la répression des diverses infractions en la matière. Ce qui facilitera également la coopération internationale avec Interpol dans la lutte contre la corruption. La prestation de serment intervient quatre ans après le décret présidentiel portant création de cet organe, en application de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption adoptée en 2006. Le chef de l’État a signé le 7 novembre dernier un décret présidentiel publié au Journal officiel n°69 du 14 novembre 2010 portant nomination du président et des membres de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption. Ainsi, Brahim Bouzeboudjen a été nommé en qualité de président de cet organe. Ce dernier avait occupé le poste de chef de cabinet du ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, et a été aussi chef de cabinet du Chef du gouvernement en 2003. Il sera assisté de six autres membres dont l’ex-ambassadeur de l’Algérie au Mali, Abdelkrim Gheraïeb, ainsi que de Abdelkader Benyoucef, procureur général près la Cour suprême. Figurent aussi sur cette liste une femme, en la personne de Sabria Temkit, haut cadre au ministère des Affaires étrangères, qui a occupé le poste de sous-directrice des institutions européennes et des relations euroméditerranéennes à la direction Europe, Ahmed Ghai, ex-colonel de la Gendarmerie nationale, Messaoud Abed ex-commandant de la gendarmerie et Abdelkrim Bali, un cadre du ministère des Finances qui a été chargé d’études à la direction générale du budget au niveau de ce ministère et inspecteur général des services du budget. Selon la disposition d’un article de la loi de 2006, cet organe aura pour mission de “proposer la philosophie de la politique de lutte contre la corruption qui consacrerait les principes de l’État de droit”, en garantissant “la transparence ainsi que la responsabilité dans la gestion des affaires publiques et des biens publics”. Il peut aussi recommander des mesures législatives et réglementaires et collecter des informations à même de permettre de prévenir les actes de corruption.
Conformément aux dispositions de la loi, l’organe comprend trois structures. Il s’agit du conseil de veille et d’évaluation, de la direction de la prévention et de la sensibilisation et de la direction des analyses et des investigations. Il a aussi pour objectif de rassembler des preuves et faire procéder à des enquêtes sur les faits de corruption. L’installation de cet organe intervient, faut-il le rappeler, à un moment où des institutions de la République sont éclaboussées par des scandales financiers à l’image du groupe Sonatrach.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s’est engagé à maintes reprises à prendre une série de mesures à même de faire face à la criminalité organisée et à la corruption, à l’exemple de la création d’un organisme chargé de la lutte contre la corruption et un office central pour la répression de la corruption.