La Banque mondiale enquête en Algérie

Elle veut connaître les priorités de développement et tester sa popularité

La Banque mondiale enquête en Algérie

El Watan, 24 juin 2017

Intervenant dans un moment particulier alors que notre pays traverse une grave crise économique, l’enquête en question «a pour objet de permettre à l’équipe du groupe de la Banque mondiale qui intervient en Algérie de mieux comprendre la manière dont le travail de l’institution est perçu».

Le groupe de la Banque mondiale tâte le pouls de sa popularité en Algérie. Sa représentation à Alger vient de lancer une enquête, selon des informations sûres, pour «connaître l’opinion de ses clients et de ses partenaires qui participent au développement en Algérie ou qui observent des activités liées au développement social et économique».

Intervenant dans un moment particulier alors que notre pays traverse une grave crise économique, l’enquête en question «a pour objet de permettre à l’équipe du groupe de la Banque mondiale qui intervient en Algérie de mieux comprendre la manière dont le travail de l’institution est perçu». Selon la Banque mondiale, «ce type d’enquête est l’un des instruments que le groupe de la Banque mondiale emploie pour évaluer les vues de ses parties prenantes et formuler des stratégies plus efficaces afin d’appuyer le développement en Algérie».

Un partenaire de l’institution de Bretton Woods nous a indiqué hier que le travail a été confié à une équipe locale de consultants indépendants. Dans une lettre signée par le représentant résident, Demba Ba, l’équipe du groupe de la Banque mondiale souhaite «entendre l’avis» des parties prenantes sur son travail en Algérie.

L’enquête ne concerne bien évidemment pas seulement notre pays. «Le groupe de la banque mondiale exige maintenant que les équipes dans le monde entier sondent, de manière indépendante et objective, leurs parties prenantes afin de mieux informer sur le développement de leur stratégie.» «Nous pensons que ce type d’évaluation fournira un excellent complément aux consultations que nous avons engagées avec les autorités algériennes», a ajouté M. Demba. «Une étude quantitative de cette nature permet, selon lui, de mesurer les attitudes à l’égard de notre travail et nous permettra ainsi de suivre les résultats sur des bases scientifiques et séquentielles.»

La même source affirme, en effet, que l’enquête sera menée auprès de partenaires, parmi lesquels figurent «des représentants du gouvernement, du secteur privé, et des organisations de la société civile impliquées dans le développement en Algérie et connaissant bien la Banque mondiale ainsi que d’autres activités engagées par des partenaires de développement». Ainsi, le groupe de la Banque mondiale voudrait connaître les priorités de développement pour l’Algérie. Les parties ciblées par le questionnaire ont le choix de cocher trois secteurs au maximum.

Exemple : «Gouvernance, réforme du secteur public (c’est-à-dire efficacité du gouvernement, gestion des finances publiques, dépenses publiques, réforme fiscale), développement du secteur privé ou développement rural.» Les enquêteurs voudraient également savoir «dans quels domaines sectoriels estimez-vous que le groupe de la Banque mondiale devrait concentrer la majeure partie de son attention et de ses ressources en Algérie ?» Pas seulement.

A la question de savoir «dans quelle mesure pensez-vous que le groupe de la Banque mondiale est efficace du point de vue des activités de renforcement des capacités qu’il mène dans chacun des domaines suivants en Algérie ?» Les enquêteurs proposent des réponses, et ce, à plusieurs niveaux : conception de politiques (plus claires et incluant de meilleures incitations en vue d’atteindre les objectifs socio-économiques) et secteur privé (en matière de changement politique et institutionnel).

En mai dernier, une délégation de la Banque mondiale avait séjourné en Algérie. «En tant que membres du conseil d’administration du groupe de la Banque mondiale, nous visitons l’Algérie pour avoir une meilleure idée de la dynamique actuelle, ainsi que pour évaluer les interventions de la Banque mondiale sur le terrain et réitérer notre soutien à l’ambitieux nouveau modèle économique algérien», avait déclaré Merza Hassan, le porte-parole de la délégation à l’issue de sa rencontre avec l’ancien ministre des Finances, Hadji Baba Ammi.

La question qui se pose en effet est de savoir pourquoi la Banque mondiale voudrait connaître l’opinion des intervenants dans la gestion du pays et des opérateurs économiques et sociaux ? Pour l’institution de Bretton Woods, c’est pour mieux élaborer ses stratégies de développement.

Said Rabia