Les normes parasismiques imposées aux promoteurs publics et privés

Les normes parasismiques imposées aux promoteurs publics et privés

L’Etat passe à la tolérance zéro

Le Quotidien d’Oran, 28. juin 2003

N’étaient les 2.300 morts et les milliards de dinars de pertes matérielles causés par le séisme du 21 mai dernier, l’on serait tenter de dire qu’à quelque chose malheur est bon. Dorénavant, les promoteurs publics et privés seront obligés de construire parasismique. La réglementation appelée à régir ce secteur sera corrigée dans ce sens très prochainement. Les services concernés ont été instruits par le Chef du gouvernement pour prendre les mesures qui s’imposent dans les plus brefs délais.

C’est à l’occasion de la dernière réunion du Conseil du gouvernement, tenue jeudi passé, que la décision de passer à la tolérance zéro à l’endroit des constructeurs publics et privés a été prise. «Le gouvernement a décidé que les mesures et obligations liées à la construction devront, désormais, s’imposer à celle-ci dès sa conception, qu’elle soit publique ou privée», indique le communiqué sanctionnant cette réunion.

Dans ce sens, le chef du gouvernement a chargé les responsables du secteur du bâtiment, et en vue de mettre fin à un vide juridique dont l’on connaît les conséquences, de réviser l’ensemble des textes juridiques qui régissent la construction et l’urbanisme.

Ahmed Ouyahia, lit-on dans le même communiqué, a mis l’accent sur «les différents contrôles techniques de l’acte de bâtir et de l’affectation des sols qui doivent obéir aux seules prescriptions des plans directeurs d’urbanisme et des plans d’occupation des sols».

A ce sujet, il est à rappeler que dans la réglementation en vigueur, seules les constructions financées par le Trésor public sont sujettes aux contrôles du CTC, alors que les promoteurs privés opèrent en totale liberté.

Dorénavant, rien ne sera laissé au hasard. C’est du moins l’impression que veulent donner les autorités, mettant ainsi en exergue leur volonté de mettre fin à une urbanisation anarchique. Dans ce sens, la carte sismique réalisée par des experts et chapeauté par un comité interministériel représentera le schéma directeur dans tout programme de construction, qu’il soit public ou privé.

D’ailleurs, le conseil du gouvernement a eu à entendre la communication du ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire sur «le risque sismique et le redéploiement des activités et de l’urbanisation».

Il est à préciser que cette étude recommande de tenir compte, dans le cadre de projets de construction, de la réalité qui fait du nord de l’Algérie une zone sismique. Et d’opter, par conséquent, «pour une politique d’aménagement du territoire et d’urbanisation plus en adéquation avec les spécificités géophysiques de l’Algérie».

Cette étude, à titre de rappel et tel que le précise le communiqué du gouvernement, a été menée sur instruction «du président de la République lors du Conseil des ministres du 29 mai 2003», et dans le but «est d’évaluer les conséquences du séisme du 21 mai dernier et d’étudier et proposer les mesures à même d’atténuer les effets de l’activité sismique localisée au nord du pays où se concentre l’essentiel de la population et de l’activité économique».

En plus de l’obligation de construire antisismique, le comité interministériel préconise «le redéploiement équilibré des populations, des activités et des infrastructures des zones du Nord, à haut risque sismique, vers les zones des Hauts Plateaux et du Sud, moins exposées à ces périls naturels», indique le communiqué du Conseil du gouvernement.

En d’autres termes, la nouvelle politique de l’Etat, en matière d’aménagement du territoire, encouragera la population à s’installer loin des failles sismiques, désormais connues. Et la première action à mener, dans ce sens, est d’orienter d’abord les activités industrielles dans ces mêmes zones. Ghardaïa, avec sa zone industrielle, en a donné l’exemple.

Ghania Amriout