Alger rejette un rapport du comité des droits de l’Homme

lundi 3 août 1998,

Alger rejette un rapport du comité des droits de l’Homme

ALGER, 3 août (AFP) – Le gouvernement algérien a déclaré lundi qu’il rejetait comme « outrageant » le rapport du Comité des droits de l’Homme de l’ONU qui recommandait notamment des enquêtes indépendantes sur le comportement des forces de sécurité dans les massacres en Algérie.

« Il est outrageant que le comité ait prononcé de graves accusations en se fondant sur de simples allégations contre les institutions de l’Etat algérien », a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères Abdelaziz Sbaa dans son point de presse hebdomadaire.

M. Sbaa a souligné qu’Alger rejetait « avec indignation ces accusations malheureusement portées à la légère », précisant que le gouvernement algérien allait répondre officiellement « point par point » aux accusations du comité.

« C’est un précédent très grave pour un comité d’experts de fonder ses conclusions sur ce qu’il reconnaît lui-même comme étant des allégations et qu’il reprend à son compte sans discernement aucun », a-t-il estimé.

M. Sbaa a ajouté qu’il était « inadmissible » que le comité n’ait pas fait référence aux mesures prises par Alger dans « le domaine des libertés », citant notamment la fermeture des centres de détention adminiStrative d’islamistes, le moratoire sur la peine de mort, l’abolition des cours spéciales et des lois anti-terroristes.

« En se fondant sur de simples allégations, le comité a ignoré des faits établis qui auraient dû, pourtant, fonder son jugement », a-t-il poursuivi précisant que s’agissant des « allégations sur les cas de disparition », 49 cas avaient été signalés par l’ONU à l’Algérie qui y a répondu.

Concernant les tortures et les exécutions extra-judiciaires, M. Sbaa a indiqué que 5 cas avaient été signalés par le centre des droits de l’Homme de l’ONU et que l’Algérie y a avait également répondu.

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé vendredi dernier des enquêtes indépendantes sur le comportement des forces de sécurité dans tous les cas de massacres en Algérie.

Il a recommandé des mesures « pour faire en sorte que dans tous les cas de massacres, une enquête indépendante soit menée sur le comportement des forces de sécurité à tous les échelons, du plus petit au plus élevé, et que des sanctions pénales et disciplinaires soient prises à leur encontre », le cas échéant.

Les 18 experts indépendants ont également réclamé des enquêtes et éventuelles sanctions sur les nombreuses allégations d’exécutions extra-judiciaires et de tortures, et des mesures de l’Etat contre les disparitions.

Ces recommandations sont contenues dans un rapport établi par le Comité réuni trois semaines à Genève. Les experts ont examiné la semaine dernière si l’Algérie respectait le Pacte international sur les droits civils et politiques auquel elle a adhéré.

bur/pvr t

 

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