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La « mafia » algérienne ne veut pas que l’on touche au secteur de l’importation

ALGER, 16 sept (AFP) – La « mafia » algérienne, dénoncée régulièrement par la presse et le président Abdelaziz Bouteflika, ne veut pas que l’on touche au secteur de l’importation qu’elle contrôle largement et qui lui permet de juteux bénéfices.

Avec l’instauration de l’économie de marché décidée par l’Algérie après l’échec du socialisme à la soviétique mené depuis l’indépendance en 1962 et abandonné en 1994 sous notamment l’injonction du Fonds monétaire international (FMI), elle a de fait récupéré en grande partie les monopoles d’Etat sur le commerce extérieur qui rapportent gros rapidement sans pratiquement d’investissements.

Ces « mafieux », difficiles à identifier mais dont les ramifications sont importantes dans les sphères de décisions, voient dans l’implantation d’usines en Algérie, en particulier étrangères, une remise en cause d’un fructueux secteur d’importation qu’ils contrôlent en grande partie depuis des années.

Cette mainmise fait les beaux jours d’un certain nombre de « barons » qui ont ainsi constitué des fortunes impressionnantes, alors que la population ne cesse de s’appauvrir depuis une décennie.

Cette mafia, dénoncée régulièrement dans la presse et encore ces derniers jours par le président Bouteflika, aurait encore frappé en détruisant lors d’un attentat à la bombe, début septembre, les bâtiments administratifs d’une des rares entreprises nationalisées rentables du pays.

Cette société spécialisée dans la fabrication d’appareils électroménagers à Tizi-Ouzou, en Kabylie à une centaine de kilomètres à l’est d’Alger, aurait été visée pour montrer aux autorités les limites qu’elles ne doivent pas franchir.

Le président Bouteflika a dénoncé cet attentat en désignant clairement la mafia algérienne, après que certains commentateurs et un dirigeant d’une importante centrale syndicale l’eurent mis sur le dos des groupes islamistes armés.

Cet attentat, n’a pas hésité à affirmer le président, rélève « d’un conflit entre le producteur et l’importateur qui entre dans le cadre de l’économie de marché ». « L’importateur est perdant dès qu’il y a production » a ajouté M. Bouteflika en précisant que cet attentat était un « acte de la mafia en Algérie ».

Déjà l’an dernier, peu après son élection en avril, M. Bouteflika avait révélé que des investisseurs étrangers dans le meuble et l’électroménager notamment, souhaitant s’établir en Algérie, avaient reçu des « conseils » pour aller s’installer soit en Tunisie soit au Maroc voisins.

Ces conseils n’avaient pas d’autres objectifs que de perpétuer les importations de ces secteurs rapportant à quelques « gros bonnets » qui n’ont absolument pas envie de voir disparaître une manne abondante et régulière.

L’attentat de Tizi-Ouzou, selon un cadre de cette ville, cité par le journal Le Jeune Indépendant, serait un « avertissement à l’égard de quelques gros investisseurs (étrangers) intéressés par la Kabylie ».

Ce cadre, qui a requis l’anonymat, indique notamment qu’il existe un projet d’implantation d’une unité usine de fabrication d’insuline dans cette région qui chamboulerait les actuels circuits d’importations, voire les rendre obsolète.

D’autres intimidations du même type, rapportées régulièrement par la presse, ont déjà été exercées.

Des commentateurs n’hésitent pas à écrire que le « crime organisé menace l’Algérie » et certains citent notamment l’importation de placebos qui auraient obtenu l’agrément de l’administration.

Ces placebos seraient écoulés à des prix défiant toute concurrence pour casser certaines productions locales et alimenter ainsi le courant des importations.