Bouteflika à Bruxelles pour faire avancer le dossier

ALGERIE-UE

Bouteflika à Bruxelles pour faire avancer le dossier

Daouadi Miloud, Le Quotidien d’Oran, 10 octobre 2001

Le président Abdelaziz Bouteflika est à partir d’hier dans la capitale européenne dans le cadre de la nouvelle initiative africaine de développement, une sorte de plan Marshall préconisé pour l’Afrique, et ne parlera pas que du dossier africain. Beaucoup d’observateurs à Bruxelles estiment que le chef de l’Etat abordera avec ses partenaires européens le dossier de l’accord d’association UE-Algérie. Un dossier du reste qui traîne en longueur, comparativement au temps record accompli dans la conclusion du même accord avec la Tunisie et le Maroc. Le cas de l’Algérie est en effet assez compliqué, pour au moins deux raisons: la première est qu’Alger ne veut pas faire les mêmes erreurs que celles du Maroc et la Tunisie, qui éprouvent actuellement les pires difficultés pour exporter leurs produits sur le marché communautaire (agricoles pour le Maroc, industriels pour la Tunisie), tout en revendiquant la reconnaissance de la spécificité de l’économie algérienne, actuellement en phase de réajustement structurel. La seconde raison, selon les observateurs, est liée au fait qu’Alger veut procéder par étapes dans le démantèlement de ses tarifs douaniers pour ne pas sanctionner la relance de son secteur agricole, notamment. En toile de fond de ces discussions entre Alger et Bruxelles, il y a également, et surtout, le soutien que doivent apporter les Européens à la lutte contre le terrorisme en Algérie. Jusqu’à présent, et avant les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les Européens avaient plutôt adopté une attitude ambiguë face aux demandes pressantes d’Alger pour le démantèlement des réseaux terroristes, qui activaient à partir de certaines capitales européennes. C’était en fait du «donnant donnant» que l’Algérie voulait imposer aux Européens qui, de leur côté, s’impatientaient devant la lenteur prise par ces négociations, d’autant que l’Algérie a mis sur la table des négociations l’ensemble des volets du dossier, contrairement aux autres pays partenaires de l’Union européenne. «L’Algérie veut un accord global qui prenne en compte tous les aspects de la future relation de partenariat avec les Européens», estime un expert algérien selon lequel «Bruxelles et Alger ont encore du chemin à faire pour arriver à s’entendre sur tous les volets, à commencer par celui sécuritaire, ensuite politique et économique». Et, si les Européens axent leur priorité sur le volet commercial, les Algériens, selon lui, donnent plus de profondeur, dans leurs discussions, au volet politique dans ce qu’il contient comme mesures de soutien à la lutte contre le terrorisme.