Algérie: les affrontements ont repris à Tizi Ouzou

Algérie: les affrontements ont repris à Tizi Ouzou

AP, 8 juillet 2001

ALGER (AP) — Les affrontements entre manifestants kabyles et forces de l’ordre ont repris dimanche à Tizi Ouzou aux alentours de la brigade de gendarmerie, en plein centre-ville.
Plusieurs centaines de jeunes se sont regroupés près de la caserne, avant de commencer à harceler la brigade à coups de pierre et de tous objets ramassés sur place. Les gendarmes ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants.

Les premiers échanges de projectiles ont semé la panique dans le centre-ville qui, depuis les premières heures de la matinée, grouillait de monde en cette période estivale où de nombreux émigrés sont rentrés au pays pour passer l’été.

Vendredi et samedi, quelques escarmouches avaient été enregistrées dans le même quartier de Tizi Quzou. Vendredi, les échauffourées avaient commencé vers 19h30, avant de prendre fin à 22h. Le lendemain, le même scénario s’est reproduit, seulement les affrontements ont débuté vers 16h30 pour ne s’arrêter que très tard dans la nuit.

Au cours de ces deux journées, aucun blessé n’a été enregistré. Par contre, jeudi soir, à l’arrivée des délégués de la coordination des Aârchs, (comités de village) qui avaient été empêchés de rallier Alger pour une marche à l’issue de laquelle ils devaient remettre leurs revendications à la présidence de la République, des heurts entre jeunes manifestants et forces de l’ordre se sont produits à Tizi Ouzou, toujours autour de la brigade de gendarmerie, faisant quatre blessés.

Dans les autres localités de la Kabylie, même si la tension reste vive et que la mobilisation est toujours aussi forte, aucun incident n’a été signalé après la marche d’Alger avortée du 5 juillet.

La coordination des comités de village, de son côté, après la marche transformée en sit-in à Alger, veut maintenir la pression populaire sur le pouvoir. Après deux jours de réunions, les délégués ont élaboré un avant-projet de charte où il est question des différents moyens d’actions pacifiques à mettre en oeuvre pour  »la satisfaction de la plateforme de revendications » élaborée le 11 juin à El Kseur (préfecture de Bejaïa).

Par ailleurs, alors que depuis le début du mouvement, il était convenu de n’établir aucun contact avec le pouvoir, à l’issue de leur réunion marathon, les délégués ont décidé de recueillir à la base le meilleur moyen d’action.

 »Comment faire aboutir la plateforme de revendications? Dialogue avec fermeté? Pas de dialogue? Pas de négociations? » sont des questions qui doivent être tranchées avant la prochaine rencontre de la coordination interwilayas des comités de villages. Parmi les revendications des comités de villages, on retrouve notamment le départ définitif de la région des gendarmes, considérés par les manifestants comme les principaux responsables de la situation actuelle, la reconnaissance de la langue tamazight (berbère) comme langue nationale et officielle, la fin de la  »hogra » (l’injustice, le mépris et les abus de pouvoir) et toute une série de revendications socio-économiques.

Les émeutes qui ont embrasé la Kabylie ont éclaté après qu’un jeune lycéen ait été tué le 18 avril dernier par balles dans les locaux de la gendarmerie de Béni Douala. Jusqu’au 22 juin, date à laquelle un calme précaire s’est installé dans la région, une soixantaine de personnes a été tuée dans ces émeutes et près de 2.000 autres ont été blessées.

 

 

Retour

algeria-watch en francais