Algérie : le président Bouteflika met en cause la France
Algérie : le président Bouteflika met en cause la France
Le Monde, 21 juin 2001
Poursuivant sa tournée dans le grand Sud algérien, le président Abdelaziz Bouteflika a mis en cause la France sans la citer nommément dans les événements violents qui secouent le pays depuis deux mois. « Jeunes de Kabylie, jeunes d’Algérie, ( ) il faut que vous sachiez que votre pays est pris pour cible ( ) par cette puissance qui n’a pu imposer définitivement sa domination après un siècle et demi et souffre encore comme souffre celui qui a perdu son paradis », a dit, mercredi 20 juin, le chef de l’Etat dans un discours prononcé à Illizy, selon la traduction fournie par l’Agence France-Presse. Au cours de cette même allocution, le président algérien a appelé à un « dialogue serein et responsable » lorsque le calme sera revenu en Kabylie.
Ce n’est pas encore le cas.
La journée de mercredi a été marquée par des affrontements dans plusieurs villes, notamment dans l’est, où les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles sur des manifestants. En réponse le même jour à la question d’un député, le ministre de l’intérieur, Yazid Zerhouni, a fait valoir que « le recours aux armes pendant les manifestations est justifié ».
Plusieurs dizaines de délégations réunies à Tizi Ouzou, capitale de la Grande Kabylie, ont annoncé, mercredi, leur intention de braver l’interdiction de manifester dans la capitale et d’organiser une nouvelle marche nationale à Alger le jeudi 5 juillet. Une autre marche est prévue à Tizi Ouzou le 25 juin pour le deuxième anniversaire de l’assassinat du chanteur kabyle Lounès Matoub.
CENT ONZE « DISPARUS »
La précédente marche à Alger, le 14 juin, avait dégénéré en violences, dont le dernier bilan s’élève à quatre morts et près d’un millier de blessés. Mercredi, des avocats ont confirmé que « cent onze personnes portées disparues au cours de la marche ne se trouvent pas à l’hôpital et ne sont pas en prison ». « Nous soupçonnons qu’elles sont en captivité dans les locaux de la police ou de la Sécurité militaire », a indiqué l’avocat Amar Zaïdi.
De son côté, le ministre de l’intérieur a affirmé qu' »il n’y a pas de disparus ».