Appel de soutien aux Cheikhs Abassi Madani et Ali Benhadj des oulémas, écrivains, penseurs et notables

Au nom de Dieu clément et miséricordieux

Appel de soutien aux Cheikhs Abassi Madani et Ali Benhadj des oulémas, écrivains, penseurs et notables

Ramadan 1423/ Novembre 2002

Lettre ouverte à l’intention de M Abdel Aziz Bouteflika, Président de la république algérienne.

Que la paix de Dieu et sa clémence soient avec vous.

Dieu a dit : « Les croyants sont des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Dieu, afin qu’on vous fasse miséricorde. » (Coran, 49:10)

Votre Excellence, Monsieur le Président,

Vous n’êtes pas sans savoir la haute distinction que réservent les nations évoluées à leurs savants, penseurs et à l’ensemble des intellectuels, qui constituent les véritables planificateurs et édificateurs de l’avenir des générations successives, et qui sont les gardiens de ses valeurs et de son authenticité, et les rénovateurs de sa dynamique, maintenant la oumma quasi présente dans le champs de compétitivité civilisationnelle, conformément aux sages conseils de Lokmane al Hakim tel que révélés dans le saint coran : « Commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise. » (Coran, 31:17) Ce qui fit d’ailleurs que les oulémas de l’Islam, les prédicateurs et les réformateurs de par l’histoire aient été les plus enclins à la sauvegarde et à la défense des intérêts de la nation. Ainsi, la présente assemblée constituée de oulémas, de penseurs et de notables de la nation, attache un grand espoir quant à une réponse favorable de votre part suite à leur appel concernant les chouyoukh du Front Islamique du Salut, Madani Abbassi et Ali Benhadj.

Il existe une volonté délibérée, celle de faire de l’Algérie une nouvelle Andalousie, celle de l’amputer du corps de la nation arabo-musulmane afin qu’elle soit engloutie par les adeptes du néo-colonialisme. Peine perdue, Dieu est là, toujours aux côtés des opprimés les menant vers le triomphe sur leur ennemis, à l’image de cette Algérie qui a vaincu dans un passé récent les colonnes de l’OTAN grâce à la détermination de ses enfants armés de leur seule foi en un Dieu unique, d’une patience inébranlable qui distingue les croyants dans leur entreprise à atteindre leur but quel que soit le prix à payer, au prix d’un sacrifice d’un million et demi de martyrs sur l’autel de la liberté, ces enfants de l’Algérie indépendante sortirent alors au lendemain de l’indépendance courant les rues scandant dans un élan de joie de triomphe et de fierté identitaire restituée : « Félicitations ô Mohammed, l’Algérie t’es revenue » !

Comme nous avons noté que, tout au long de cette rude épreuve que traverse l’Algérie durant ces dix dernières années, le Front Islamique du Salut n’a épargné aucun effort pour contribuer à la sortie de l’Algérie de cette crise qui la déchire, réitérant sa forte et originelle conviction en une solution pacifique juste et globale seule à même de mettre fin à la crise du pays et à prouver son innocence quant à tout ce que ses ennemis détracteurs tentent de lui attribuer. Plus encore, le FIS n’a de cesse appelé à la constitution d’une commission indépendante pour enquêter sur les actes de violence dont ont été victimes ces milliers d’innocents, appel qui comme vous le savez bien, Monsieur le Président, plus que nous tous, n’a pu jusque là aboutir devant les mille obstacles et difficultés érigés sur sa voie à dessein. Nous nous devons de reconnaître avoir perçu une lueur d’espoir à travers les pas que vous avez entrepris depuis votre accession au pouvoir et nous avions souhaité qu’elles aboutissent au plus vite à une concorde nationale authentique réconciliant les frères entre eux et refaire ainsi de l’Algérie ce pays unifié et fort au sein du monde arabe et musulman.

Votre Excellence, Monsieur le Président,

Nous sommes fort peinés et lourdement inquiets de la situation de Cheikh Madani Abbassi qui s’est sacrifié depuis la fleur de l’age au service de sa patrie dans la guerre de libération et de son indépendance et qui s’est dévoué par la suite au service de l’éducation et de l’instruction, et celle de Chiekh Ali Benhadj le fils de chahid dont le sang et celui du million et demi d’autres chouhada s’est entremêlé à la terre de l’Algérie, ce jeune homme qui a grandi et qui s’est épanoui dans les maisons de Dieu, n’a connu ni l’insouciance de la jeunesse ni son attirance aux jeux de ses pairs, se préoccupant très tôt du sort de la oumma et de sa religion. Ces deux hommes, tel qu’il nous est parvenu par le biais de leurs proches et des organisations qui s’occupent des conditions des prisonniers dans le monde, ces deux hommes affrontent la mort dans un silence cruel, en proie à de multitudes maladies chroniques en raison de la longue détention en résidence surveillée pour le premier depuis 1997, et du croupissement du second dans une cellule individuelle isolée du monde extérieur, dépourvus des droits humains les plus élémentaires dont le droit aux soins. Leur santé s`est gravement détériorée à tel point qu’elle suscite une grande préoccupation et une profonde inquiétude. Cette situation a déjà suscité la préoccupation et la désapprobation des personnalités et des organisations internationales telles que relevées à titre d’exemple dans la résolution de la 48ème session de la Commission des droits de l’homme des Nations unies à Genève en date du 18 Mars 2002, cette commission onusienne a considéré que « l’arrestation des chouyoukh Madani Abbassi et Ali Benhadj constitue un acte d’abus de pouvoir et est contraire aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et des conventions internationales que l’Etat algérien a entérinées » !

Votre Excellence, Monsieur le Président,

A la lumière de tout cela, et conscients de la lourde responsabilité envers notre oumma et de notre totale confiance quant à votre juste égard envers les savants, les penseurs et les notables de la nation et de toutes les éminentes personnalités, nous espérons de votre excellence la libération de ces deux hommes, car le maintien de ces symboles scientifiques et nationalistes arabes et musulmans dans pareilles situations de dégradation de santé, ne saurait réjouir toute personne éprise de justice. Une personne de l’âge et de la probité scientifique du Docteur Abassi – 72 ans – qui a sacrifié 22 ans de sa vie en prison, en tant que moujahid, penseur et leader islamique, mérite les honneurs et le respect de nous tous, et a fortiori de son pays et de son peuple !

Pour tous cela permettez-nous, Votre Excellence, Monsieur le Président, d’insister auprès de vous pour leur libération, ce qui leur permettrait de se soigner, à l’étranger si nécessaire, avant que leur état de santé ne s’empire et ne devienne incurable, Dieu dit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. » (Coran, 5:2)

Que la paix et la clémence de Dieu soient avec vous.

Premiers signataires :

Dr. Tewfik echaoui / Egypte
Ch. Yousouf Karadhaoui/ Qatar
Ch. Issam El Attar / Allemagne
Ch. Ahmed Assal / Egypte
Ch. Rached Ghanouchi / GB
Dr. Ahmed Najar / Syrie
Me. Ali Yahia Abdennour / Algerie
Ch. Mahmoud Bouzouzou / Suisse
Dr. Zeghloul Nejjar / Egypte
Dr. Mohammed Salim Al Awa / Egypte
Ch. Faycal Moulouwi / France
Dr. Abdelhamid Brahimi / GB
Dr. Mahmoud Soultane /Allemagne
Dr. Abdelmounim Sayfi / Allemagne
M. Fahmi Houaydi / Egypte
Me. Rachid Mesli / Algerie
Pr. Rachid Benaissa / France
M. Abdelwahed Moutewekil / Maroc
Ch. Hocine Slimani / Algerie
Ch. Lakhdar Zaoui/ Algerie
Ch. Ahmed khorshid / Pakistan
Dr. Oussama Raslane / Egypte
Ch. Ahmed Kadi Houssein / Pakistan
Dr. Safwat Eddessouki / Arabie Saoudite
Dr. Taha Jaber Alwani / USA
Dr. Hassan Najjar / Syrie
M. Salah Ibrahim / Suisse
Dr. Ali Bayanouni / Syrie
M. Mohamed Mustapha Habbes /Suisse
Ch. Abdesselem Heress / Maroc
Dr. Ali Banayoussi / Allemagne
Me. Brahim Taouti / Danemark
Dr. Abdelkrim Khatib / Maroc
Dr. Ahmed Chemsi / Allemagne
M. Fethellah Arselane / Maroc
Dr. Sami Abdelalim / Allemagne

La liste reste ouverte : envoyer vos signatures a l’adresse électronique

[email protected]

ou au numéro de Fax suivant : 00 44 208 3456