Lettre de Ahmed TALEB-IBRAHIMI

 

Alger, le 26 avril 2000

 

A l’attention de M. Abdelmadjid Benchikh, Président du CIPA

Paris

 

Cher ami,

Des raisons impérieuses m’empêchent de quitter l’Algérie. Aussi, je m’empresse de vous transmettre ce message d’excuses, d’amitié et de soutien.

En effet, le Comité International pour la Paix, les droits de l’Homme et la Démocratie en Algérie a pris l’heureuse initiative d’organiser un séminaire à Paris afin d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur les différentes facettes de la crise algérienne, avec, je le constate avec plaisir, la participation d’amis que j’aurais naturellement aimé retrouver et de personnalités connues par leurs travaux ou leurs actions et que j’aurais aimé connaître.

Ce qui importe aujourd’hui, c’est de souligner que la paix, la démocratie, les droits de l’homme continuent d’être bafoués en Algérie.

J’ai toujours souligné que la sortie de crise dans notre pays passe préalablement par la solution imminente du volet politique, avec ce qu’il comporte comme mesures contre l’exclusion et la marginalisation des forces politiques et sociales qui travaillent et font mouvoir la société. Ces mesures sont de nature à ramener la paix et la stabilité et offrent une perspective durable de sortie de crise.

J’ai, également, toujours souligné que les droits de l’homme n’ont jamais été aussi maltraités en Algérie à l’ère du pluralisme politique. En témoignent de façon éclatante les épineux dossiers de la torture, des prisonniers politiques et des disparus.

J’ai, enfin, toujours souligné que le pluralisme politique ne s’arrête pas à la démocratie de façade qui gouverne la vie politique aujourd’hui, comme alibi destiné à la consommation extérieure. Tant que la volonté populaire demeure confisquée, le pouvoir algérien restera étranger aux normes universellement admises de bonne gouvernance et de respect des choix libres et souverains du peuple.

Je souhaite plein succès à votre séminaire qui, j’en suis convaincu, apportera une nouvelle contribution à l’approfondissement de la réflexion sur la solution à la crise algérienne.

Croyez, cher ami, à ma très haute considération.

 

Ahmed TALEB-IBRAHIMI

Président du Mouvement WAFA