L’inventaire des archives de l’armée sur l’Algérie achevé et consultable

L’inventaire des archives de l’armée sur l’Algérie achevé et consultable

Le Monde, 30 Octobre 2001

L’inventaire des archives de l’armée française incluant la guerre d’Algérie est achevé et sera, dans les jours qui viennent, à la disposition des chercheurs et du grand public.
L’inventaire des archives de l’armée française incluant la guerre d’Algérie est achevé et sera, dans les jours qui viennent, à la disposition des chercheurs comme de toute personne intéressée, a déclaré le général Michel Berlaud, chef du Service historique de l’armée de terre (SHAT).

« Il s’agit de donner aux chercheurs les clés leur permettant de rentrer dans les archives », a-t-il expliqué à l’AFP en présentant les quatre tomes totalisant 1 556 pages où est référencée et indexée « la sous-série 1 H 1091-4881 », c’est-à-dire l’ensemble des archives de l’armée correspondant à l’Algérie pour la période allant de 1945 à 1967.

Le premier tome constitue une introduction générale (unités militaires, localisations géographiques, articulations administratives, etc.) qui permet de préparer une recherche, les documents n’étant pas, en effet, classés par thèmes mais en fonction des services qui les ont déposés.

Le tome II, deux volumes de 356 et 848 pages respectivement, dresse le « répertoire numérique détaillé » de l’ensemble des documents – des journaux de marche et d’opérations aux ordres et autres rapports – et le tome III est un index alphabétique qui fournit l’ensemble des cotes des documents pertinents.

Cet inventaire, qui inclut les archives des grands services rattachés au ministère de la défense (cabinet, directions chargées du renseignement ou de la sécurité, état-major, direction générale pour l’armement) est complet, à l’exception toutefois des dossiers relevant de la justice militaire.
Ces dossiers, en effet, ne peuvent, sauf dérogation du ministère de la défense, être communiqués avant une période de 100 ans, explique Samuel Gibiat, le chef de la division communication du SHAT.

DELAI DE COMMUNICATION DE 30 A 150 ANS

Le délai de communication des archives de 30 à 150 ans. Le délai normal d’accès aux archives en France est de 30 ans, précise M. Gibiat. Il peut être étendu à 60 ans pour des raisons liées à la protection de secrets concernant la défense nationale ou à celle de la vie privée de personnes ou de leur sécurité physique. Les dossiers de carrières sont eux protégés de toute curiosité pour une durée de 120 années à partir de la date de naissance de la personne concernée et les documents à caractère médical pendant 150 ans.

Mais, souligne le chef de la division communication, une dérogation ministérielle levant l’interdiction totalement ou partiellement (interdisant par exemple l’identification précise des lieux, la publication des noms…) est toujours possible. 365 dérogations ont ainsi été demandées au cours de l’an 2000 et le taux de refus, selon M. Gibiat, a été « de l’ordre de 5 % ».

Outre cet inventaire, le SHAT publie également le deuxième tome de sa série « Histoire orale » dirigée par le conservateur Hervé Lemoine, dont le principe est la collecte de témoignages directement enregistrés auprès des principaux acteurs ou témoins. L’ouvrage donne la liste des personnalités interrogées avec un résumé de leurs déclarations, ce qui permet ensuite de les retrouver facilement sur le CD-ROM sur lesquelles elles sont enregistrées.

Parmi ces témoins, Pierre Messmer ou le préfet Jean Vaufour, en juin 1953, directeur de la sureté générale en Algérie avant de devenir directeur du cabinet du délégué général, où il servira jusqu’en avril 1960. Ou encore le général Paul Aussaresses, ancien chef des services secrets en Algérie, mis à la retraite d’office en juin pour avoir publié un livre dans lequel il se targue d’avoir pratiqué la torture et les liquidations sommaires.

Avec AFP

 

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